mardi 17 octobre 2023

CHIRURGIE DIGESTIVE ROBOT-ASSISTEE

 Chirurgie Digestive et Assistance Robotique : 1 an après, mon RETEX

(par le docteur Guillaume LE ROUX, Chirurgien digestif et hépato-bilio-pancréatique)


Pas si facile pour un cœlioscopiste confirmé de passer aisément à l'assistance robotique. La maitrise de l'outil technologique est plutôt rapide mais c'est un nouvel univers opératoire qu'il faut maitriser et qui va bien au delà du seul geste chirurgical.

Le geste chirurgical : l'effort est significatif et demande un travail certain de ré-intellectualisation des procédures opératoires. Il y a beaucoup de sentiers à défricher et il en reste encore pas mal. La pratique doit être régulière et soutenue pour tenter d'améliorer sa learning-curve (théoriquement 30 à 50/ procédures). A l'inverse d'autres spécialités et selon le mode d'exercice, il faut apprendre à maitriser plusieurs types d'interventions différents. Fort heureusement, l'apprentissage est croisé.
Je me suis senti à l'aise après 30 cas et à ce moment les bénéfices attendus sont devenus évidents.

L'équipe chirurgicale : Les IBODEs se retrouvent seuls (dans mon bloc) sur le champs opératoire quand le chirurgien est à la console et c'est très nouveau. La communication avec son équipe est fondamentale, le stress induit est à prendre en compte au premier plan. Il faut rester serein et se faire comprendre dans le calme et avec clarté. Je réalise une "Check-List Robot" avec mon équipe avant chaque intervention.

Le planning opératoire : Il est boulversé par la surconsommation du TVO. 30% de plus qui impose de trouver un nouvel équilibre de programmation. Ensuite il faut récupérer le TVO perdu car la file active de malade ne diminue pas. J'ai du récupérer 5,6 journées opératoires, ce qui est conséquent. Elément positif, la surconsommation diminue assez rapidement notamment sur les temps d'installation/désinstallation.

Les suites opératoires : Rien à redire aussi bien pour la morbidité-mortalité que pour les critères de qualité requis pour la chirurgie carcinologique. L'effectif est bien sur trop faible pour en tirer des conclusions solides mais mon intuition chirurgicale m'incite à poursuivre ce chemin.

La suite : Aucun retour en arrière envisagé. Les écueils limitants actuels corrélés au coût de la machine et des consommables sont l'accès à la technologie réservé à quelques chirurgiens et le nombre de procédures annuelles bornées. L'avenir s'envisagera certainement avec plusieurs plateformes par établissement et une utilisation en routine sur de l'activité programmée ou non.

Une nouvelle fois je remercie sincèrement mon équipe qui m'a accompagné et soutenu durant cette première année.